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Les bains de mer comme médicament

Les bains de mer comme médicament

Les bienfaits de la mer

  • La mer médicament contre la rage

 

L’image des bienfaits de la mer sur la santé commence à apparaître en France à partir du XIXe siècle. En effet, les bains de mer sont reconnus être un remède efficace pour guérir de nombreuses affections comme les troubles mentaux ou les maladies de la peau. Mais c’est surtout contre la rage que les bienfaits de la rage se font ressentir. Cette conviction est inscrite par le chirurgien normand Henri de Mondeville entre 1306 et 1320 dans un manuscrit où il affirme « le souverain remède [qui] garantit des suites de la morsure des animaux atteints de la rage » pour les humains et aussi pour les animaux.

Ainsi, dès le XVIIe siècle, c’est à Dieppe que sont jetées dans la Manche des personnes atteintes de la rage. En effet, les premiers baigneurs enragés, angoissés et dépaysés arrivent à Dieppe en 1644 faisant face à un nouvel élément avec lequel ils ne sont pas familiarisés, les poussant même parfois à ne pas se mettre à l’eau. Pour les aider dans cette nouvelle pratique, les bains sont dispensés par un corps constitué de « baigneurs-jurés ». Ce sont les ancêtres des maîtres-nageurs qui doivent aider, surveiller les curistes mais aussi les malades, eux seuls sont autorisés à pratiquer le bain selon le cérémonial convenu. Le rituel est bien précis, il faut plonger par sept fois la tête la première. Les chiens enragés ont aussi droit au même traitement.

 

 

Mais c’est à partir de cette date qu’une utilisation à la fois publique et organisée des bains de mer est mise en place à Dieppe à des fins thérapeutiques.

 

  • La mer et la médecine

C’est en Grande-Bretagne que naissent les premières stations balnéaires. La première serait apparue en 1730 notamment dans le Yorkshire. Le développement des cures est étroitement lié avec l’activité balnéaire, ce qui s’inscrit parfaitement dans la vision médico-hygiéniste de l’époque. En effet, en Grande-Bretagne, l’eau de mer était équivalente à l’eau thermale. Ainsi, pour les curistes il était nécessaire de mettre en place des promenades, engendrant ainsi un urbanisme spécifique, d’où les allées facilement empruntables en bord de mer qui remplacent les sentiers sinueux. L’image de la mer évolue et n’est plus uniquement liée aux activités de la pêche.

C’est suite aux échanges avec la Grande-Bretagne que ce mode de bains de mer s’installe sur nos côtes et petit à petit dans l’hexagone. Les premiers établissements de bains de mer chauds apparaissent à Dieppe en 1824, à La Rochelle en 1827 et à Cherbourg en 1829. Le premier baigneur officiellement connu en France est le roi Henri III. Il serait venu à Dieppe sur le conseil de ses médecins en juin 1578.

Parmi les médecins précurseurs de cette nouvelle médecine, Richard Russell, un médecin anglais développe des variétés de traitements liés à l’eau. Selon ses recherches, il est nécessaire pour le malade de se baigner une fois par jour, de boire une demi-pinte d’eau le matin et un verre à la sortie du bain et de se doucher à l’eau de mer chauffée. Il gagne ainsi en popularité grâce notamment à de nouveaux médecins qui défendent ses idées comme Hugues Maret. Ce dernier ajoute de nouvelles théories dont celle de se baigner avec vivacité et pas plus d’une demi-heure avant le coucher du soleil.

C’est en 1869 que le mot « thalassothérapie » est créé par le docteur Joseph de la Bonnardière. Il associe deux termes grecs « thalasso » la mer et « therapeia », le soin. La mer est alors reconnue comme le remède pour soigner la rage mais aussi les maladies de peau, les maladies des nerfs, les problèmes de motricité…

 

 

 

 

Le bain de mer est un traitement préventif dont les modalités d’application varient. Dans le cas des « bains à la lame », les personnes ne se baignent pas, elles sont jetées nues dans l’eau. Cette méthode de baignade peut aussi s’effectuer avec l’aide de cabines roulantes conduites dans la mer, inspirée des « bathing machines » anglaises. Les baigneurs achètent ainsi auprès de l’établissement un ticket qui permet d’obtenir un costume pour se baigner et des serviettes ainsi que la location de la cabine tractée. La cabine dépose les baigneurs jusqu’à deux mètres de profondeur où ils descendent par des petits escaliers.