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La mode des bains de mer

La mode des bains de mer

Les bains de mer face à sa popularité :

  • Le grand monde

Grâce à la liaison Transmanche, des anglais arrivent à Dieppe pour profiter des établissements mis en place. De grandes personnalités viennent s’y baigner comme la reine Hortense de Beauharnais (1783-1837) avec ses enfants dont Napoléon III qui se souviendra de ses baignades à Dieppe.

Sous l’impulsion de Charles X, Dieppe installe un établissement de bains de mer en 1824. Mais c’est surtout grâce à sa belle-fille, la duchesse de Berry, Marie-Caroline de Bourbon, que la mode des bains de mer se met en place à Dieppe. Elle y séjourne régulièrement à partir de 1824 jusqu’en 1829. Marie-Caroline arrive à partir du mois d’août, une période durant laquelle la liesse bat son plein. En effet, la saison est marquée par une série ininterrompue de fêtes comme des bals, des concerts, des spectacles. Un théâtre est même construit en son honneur.

 

Ainsi, l’aristocratie parisienne se hâte pour prendre des bains à Dieppe, devenant la doyenne des stations balnéaires françaises.

C’est durant la Belle Epoque que Dieppe voit venir de grands artistes. Beaucoup logent sur la rue qui prolonge le périmètre mondain de la plage vers l’Ouest jusque sous les falaises du Bas Fort Blanc. Il est ainsi facile de trouver dès 1879 de luxueux chalets dans le style anglo-normand. Parmi les artistes, les familles Blanche, Halévy, de Broutelles vivent au pied des falaises. Mais d’autres artistes les rejoignent comme Walter Sickert qui habite à Neuville ou Renoir qui aiment discuter avec toutes ces personnes dans l’atelier du Bas Fort Blanc.

 

 

Dieppe n’échappe pas non plus à l’arrivée de l’aristocratie mondaine du faubourg Saint-Germain originaire des beaux quartiers de l’Ouest parisien. Elle est consciente de son rang qui vient de sa fortune, de ses ancêtres et de son nom. Il faut donc tenir sa position face à tout ce qui est inférieur, et en particulier la bourgeoisie. La reine incontestée est la Princesse Elisabeth de Caraman Chimay, Comtesse de Greffulhe. Elle fait construire une villa sur la falaise au-dessus des chalets du Bas Fort Blanc, ce qui lui permet de mettre une distance entre elle et le monde. Son cousin germain Robert de Montesquiou, ancien ami de Jacques-Emile Blanche, fait aussi l’honneur de venir à Dieppe quelques jours durant l’été pour dépenser sa fortune sans compter.

 

  • La ville aux cinq casinos

Dieppe connaît entre 1822 et 1955 cinq casinos qui ont traversé les décennies.

1822-1839 : Les bains Caroline : En pleine période néo-classique, le casino est marqué par sa régularité, sa symétrie avec les entrées des pavillons par des galeries à colonnes. A la même époque, la gare de Dieppe est construite.

 

 

 

1857-1886 : Le second casino de Dieppe : Il garde sa longue galerie face à la mer, son corps central et les pavillons aux deux extrémités. Les structures métalliques font entrer beaucoup de lumière et permettent de grandes portées. Au centre se trouve une coupole comme dans l’opéra Garnier. Le casino marque l’exubérance architecturale où tout est permis. C’est le temps de la première exposition universelle de 1851 à Londres, avec le célèbre « Crystal Palace ».

 

 

1886-1926 : La casino Mauresque : C’est le casino qui marque le plus les esprits, il s’élève à une hauteur vertigineuse. Il y a une grande maîtrise de l’acier et il faut rappeler que le casino date d’avant la construction de la Tour Eiffel (28 janvier 1887). Plusieurs styles se mélangent, comme le néo-gothique et la renaissance italienne qui se retrouvent sur les façades. C’est la grande époque coloniale, il y a donc un brassage des influences dont le style oriental qui est très à la mode. L’exubérance se trouve aussi à l’intérieur avec un décor très riche. On y trouve aussi de très vastes salles de concert et de jeux, des restaurants.

 

 

1932-1939 : Le quatrième casino : C’est le modernisme, la fonctionnalité et l’hygiénisme qui sont mis en avant dans ce nouveau casino, mettant ainsi fin aux dorures et aux extravagances néo-orientales. Le plan de composition de base académique reste mais on revient à un style plus épuré, plus sobre, à l’aube du mouvement Bauhaus. L’exposition universelle de 1925, marquée par le style art déco influence certainement cette volonté de changement et de dépouillement. La prédominance des toitures terrasses représente bien le style des années trente.

 
  

1955 : La station balnéaire actuelle : Il est dominé par des grandes lignes horizontales inspirées par le paysage. Il sert de calage à l’espace des pelouses, son immense aile horizontale vient bloquer et asseoir la perspective au pied du château et des falaises. Il est à noter que ce changement est facilité par le déplacement des fonctions de casino dans le bâtiment du front urbain. Le pont promenade offre beaucoup de surfaces. Il met en avant la plage, la mer et les équipements du complexe balnéaire. De part l’installation de nouvelles infrastructures comme une pataugeoire, un tennis, un parc de jeux pour enfants… le casino de 1955 est à l’avant garde du développement et de la démocratisation du tourisme.

 

© Ville de Dieppe

1961 : La casino actuel : Le Conseil Municipal décide de reconstruire le casino à l’emplacement de l’ancien hôtel de ville le 16 juillet 1949. Le permis de construire est délivré le 18 mars 1957. Le casino est le reflet d’une époque d’après-guerre, de soif de modernité. Par différents moyens, il essaye de s’intégrer au site, notamment en utilisant une architecture en béton, pierre et verre. Le restaurant panoramique sort du socle de base pour être ainsi mis en avant et aller chercher la vue sur les côtés du front de mer et le château. Au fil des années, des ajouts et des changements ont modifié ce bâtiment. Cependant, l’édifice garde malgré tout son caractère.

 

 

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